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Culture / Portrait

Brassens, croquis en trois chansons

Tout au long de sa carrière, le chanteur sétois, mort il y a 40 ans, aura démontré sa maîtrise et son goût de la langue mais aussi son esprit farouchement indépendant. Apprenez-en plus Brassens, dans le cadre du concert Contrebrassens, le 18 novembre à Vaux-le-Pénil.

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Georges Brassens

Nous sommes en 1954 et Georges Brassens monte sur scène depuis trois ans. S’il ne s’y sent pas à l’aise, il y rencontre malgré tout quelques succès dont Chanson pour l’Auvergnat. Il y évoque Marcel Planche et Jeanne Le Bonnier, un couple résident dans une modeste maison du 14e arrondissement de Paris, où l’interprète trouva refuge en 1944, pour fuir le STO (Service de Travail Obligatoire sous l’occupation allemande).
Au-delà de ses références autobiographiques, ce morceau écrit comme une fable dénonce le décalage entre les bonnes intentions bourgeoises et la réalité sociale : Les croquantes et les croquants / Tous les gens bien intentionnés / S’amusaient à me voir jeûner. Seuls les individus, de l’Auvergnat à l’Étranger, sont capables de bonté. On y décèle aussi l’individualisme politique de Brassens, convaincu que les institutions sociales oppriment l’individu. Politiquement, il se définit volontiers comme un anarchiste et un libertaire. 

Se sacrifier pour une idée...

Il l’assumera, encore plus fortement, dans un autre de ses textes, Mourir pour des idées (1972), l’une de ses rares chansons ouvertement politiques. Brassens s’oppose à ce qu’une croyance, religieuse ou politique, guide sa vie. On y devine le prolongement de son antimilitariste Les deux Oncles (1964), qui ne manqua pas de provoquer la polémique. Le poète y évoque les camps allemands et américains durant la Seconde Guerre mondiale : L’un aimait les Tommies, l’autre aimait les Teutons / Chacun, pour ses amis, tous les deux ils sont morts / Moi, qui n’aimais personne, eh bien ! je vis encor.
Aucune idée ne mériterait donc qu’on se sacrifiât pour elle. Loin de les mettre toutes à égalité, il suggère : Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente.  

Georges Brassens - Mourir Pour Des Idées

... ou jouir des plaisirs de la vie ? 

Georges Brassens est aussi un épicurien, amateur de plaisirs simples. Il repousse ainsi la crainte irrationnelle de souffrances inévitables, au premier rang desquelles la mort. Supplique pour être enterré sur la plage de Sète est la chanson qui incarne sans doute le mieux ses joies simples. S’il souhaite reposer à Sète, sa ville natale, c’est en souvenir des plaisirs qu’il y a rencontré : la sexualité (Et c'est là que jadis à quinze ans révolus / À l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus / Je connus la prime amourette / Auprès d'une sirène, une femme-poisson), la beauté du paysage (Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau / Ne donnera pas une ombre triste au tableau / Mais un charme indéfinissable) ou encore l’amitié quand il évoque “les bons amis”. Si le poète s’imagine certes mort, il l’est en " un éternel estivant ".

Retrouvez les grands classiques de Brassens dans le spectacle Contrebrassens en compagnie de la chanteuse et contrebassiste Pauline Dupuy, le jeudi 18 novembre à 20h à la Ferme des Jeux de Vaux-le-Pénil. 

 

Claire Teysserre-Orion (agence TOUTécrit)

Supplique pour être enterré à la plage de Sète [English subtitles]